À l’heure où nous écrivons, notre pays n’est pas encore sorti de la crise dite « des gilets jaunes » : crise révélatrice d’un malaise très profond et très ancien, qui engendre une grave défiance envers les responsables politiques.
Il serait à coup sûr très dommageable que cette situation délétère se prolonge. Mais chacun sent, plus ou moins confusément, que la sortie de crise sera difficile car les enjeux sont tout autres que conjoncturels : il en va de notre capacité collective d’espérer et de bâtir l’avenir. Comme nous l’écrivions il y a deux ans, « il faudrait être sourds ou aveugles pour ne pas nous rendre compte de la lassitude, des frustrations, parfois des peurs et même de la colère, intensifiées par les attentats et les agressions, qui habitent une part importante des habitants de notre pays, et qui expriment ainsi des attentes et de profonds désirs de changements. Il faudrait être indifférents et insensibles pour ne pas être touchés par les situations de précarité et d’exclusion que vivent beaucoup sur le territoire national » [1]. Nous constatons que notre démocratie manque de lieux d’échange et de réflexion qui pourraient permettre l’émergence à une large échelle de suggestions positives élaborées ensemble. L’affaiblissement de nombreux partis politiques et un recul significatif de l’engagement syndical contribuent à ce déficit. Où nos concitoyens trouveront-ils des lieux appropriés pour ce travail si urgent ?
L’Église catholique dispose d’un maillage de milliers de paroisses, réparties sur l’ensemble de notre territoire et riches de la présence de multiples mouvements, aumôneries et associations de fidèles. Lieu de prière, en particulier liturgique, la paroisse est aussi par nature et par vocation la « maison de famille fraternelle et accueillante » [2] pour tous et la « famille de Dieu, fraternité qui n’a qu’une âme » [3]. À ce moment de notre histoire, nous pouvons le montrer et apporter notre contribution pour aider notre société tout entière à surmonter la crise qu’elle traverse. Sans se substituer aux politiques, l’Église offre un espace pour faire grandir la fraternité.[…]
Extrait du communiqué du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France, le 11 décembre 2018
A la mi-décembre, nous avons eu connaissance du Communiqué du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France concernant la crise et le malaise actuels dans notre pays. Nous ne cherchons pas à anticiper sur les modalités de la consultation qui devrait s’engager prochainement. Simplement, pour favoriser la réflexion des catholiques – et plus largement, de toute personne intéressée - nous pourrons tirer profit des questions suggérées par le Conseil permanent et reproduites ci-après. Nous pourrons aussi nous référer au fascicule publié en 2016 « Dans un monde qui change retrouver le sens du politique ».
+Mgr Robert Wattebled Le 4 janvier 2019
Vous pouvez avec d’autres reprendre les questions ci-dessous et partager comme nous le suggère nos évêques.
Questions suggérées par le Conseil permanent
1/ Quelles sont selon vous, en essayant de les hiérarchiser, les causes principales du malaise actuel et des formes violentes qu’il a prises ?
2/ Qu’est-ce qui pourrait permettre aux citoyens dans notre démocratie de se sentir davantage partie prenante des décisions politiques ?
3/ Quels sont les lieux ou les corps intermédiaires qui favoriseraient cette participation ?
4/ Quel « bien commun » recherché ensemble pourrait fédérer nos concitoyens et les tourner vers l’avenir ?
5/ Quelles raisons d’espérer souhaitez-vous transmettre à vos enfants et petits-enfants ?
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