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Homélie du 5e dimanche de Pâques

La mission de Jésus est de nous révéler le vrai visage du Père, nous disons de lui qu’il est l’icône du Père. Toute la Bible est dévoilement progressif de ce visage paternel, et l’Évangile de ce jour en est une illustration.

Au départ ce visage inspire la peur : peur d’Adam et Eve qui devant leur forfait se cache par crainte de Dieu, peur de mourir si on venait à voir le visage de Dieu face à face. La révélation du visage de Dieu est progressive, il faudra passer par le visage incarné du Fils pour voir en vérité celui du Père pour qu’il nous soit accessible et profitable.

Chez les croyants nous voyons le besoin dans la pratique de la prière d’avoir un visage vers lequel se tourner. Et l’absence d’un visage peut avoir pour effet de rendre difficile la relation à Dieu. Là encore l’expérience du peuple juif est instructive, il portait en lui le besoin sécuritaire de voir, de voir les choses de Dieu, la foi ne lui suffisait pas alors le peuple hébreu s’est fabriqué une idole, un visage de Dieu avec le veau d’or. Dieu n’avait pas de visage ce qui était insécurisant car il n’y avait pas de prise sur Dieu. Il se faisait trop long à revenir, à se manifester, alors ils ont fabriqué un Dieu avec un visage. Ils n’ont pas accepté l’épreuve de la foi qui leur demandait de chercher le visage de Dieu par-delà les médiations des événements, la médiation des visages humains comme celui de Moïse.

Cette révélation progressive du visage du Père culmine dans le Christ. Le visage du Père il se dévoile par la foi au Christ. Le Christ est le chemin qui mène au Père « Personne ne va vers le Père sans passer par moi ». Et Jésus multiplie les formules qui traduisent qu’il est celui qui mène au Père par la proximité, et l’unité qu’il entretient avec son Père : « Je suis dans le Père et le Père est en moi » ; mais aussi des formules de proximité entre le père et le Fils qui s’ouvrent sur l’homme, pour nous faire entrer dans cette intimité filiale : « Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez le Père », « Celui qui m’a vu a vu le Père ». Le Christ nous révèle être ce chemin de vérité qui mène au Père. Il est la Vérité dans le sens où il révèle pleinement le Père par ses paroles et par ses œuvres. Il introduit ainsi les croyants dans la communion avec le Père, cette communion qui apporte la vie en plénitude.

Qu’en est-il pour nous, comment pouvons-nous accéder au visage du Père, car nous n’avons plus le visage physique de Jésus ? C’est une des questions que pose la communauté chrétienne à laquelle s’adresse l’Évangile de Luc, S. Luc répond à cette question dans l’Évangile qu’il rédige en mettant en avant le fait que ce qui importe ce n’est pas d’avoir connu physiquement Jésus, mais d’écouter sa Parole, et de mettre sa foi dans la parole de Dieu. C’est la foi dans cette parole qui nous donne accès au Christ et au Père. Ce que traduit le récit de Marthe et Marie chez Luc, ou encore Lc 11, 28 : « Heureuse celle qui t’a porté et allaité ! Mais lui, il dit : Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui l’observent ».

En scrutant les Écritures dans la foi, nous accédons au visage du Christ qui nous révèle le visage du Père. En contemplant le visage du Fils je découvre celui du Père qui m’appelle à devenir moi aussi son fils. C’est devant le visage de l’autre que je découvre qui je suis, quel est mon identité, ma vocation. Le Christ par toute sa vie nous révèle le Père, et notre vocation à devenir enfant de Dieu :

« Vous avez un Esprit qui fait de vous des fils adoptifs et par lequel nous crions : Abba Père » Rm 8,15.

Jésus nous apprend à parler en fils à ce Père par le don de la prière du Notre Père.

Il nous enseigne ce qui plaît à notre Père : l’humilité, en ne faisant pas sonner le clairon quand nous prions, jeûnons, pratiquons l’aumône, mais le faire en secret, humblement : « ton Père qui voit dans le secret te le rendra » Mt 6,4

Il enseigne le cadeau que le Père veut nous faire, mais qu’il veut surtout que nous lui demandions : « Si donc vous qui êtes mauvais savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent » Lc 11,13

Il révèle la chose la plus importante sur ce Père : il n’est ni vengeur ni juge, il est miséricordieux, il ne se lasse jamais de nous attendre revenir, il ne se lasse jamais de nous pardonner. Avec la miséricorde la peur peut ainsi laisser la place à la confiance.

Jésus est le chemin pour aller au Père. Et il offre en cela une nouvelle voie par rapport au judaïsme, jusque-là il semblait que le respect de la loi juive, et le culte au temple suffisaient. Mais Jésus propose un nouveau culte à la samaritaine pour aller au Père : « l’heure vient, et c’est maintenant où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en Vérité ». C’est le don de l’Esprit Saint qui permet de connaître et d’adorer Dieu comme Père, voilà le nouveau culte en vérité qui dépasse celui du temple de Jérusalem. Le nouveau culte il se vit dans le nouveau temple qu’est le corps de Jésus, et non plus au temple de Jérusalem. Ce culte qui consiste dans le don que le Christ fait de son corps, de sa vie au Père par son sacrifice. Et désormais lorsque nous célébrons la messe ce n’est plus un culte simplement humain que nous rendons à Dieu, mais nous célébrons nous nous associons au culte que le Christ rend à son Père. Dans la messe le Christ nous emporte avec lui dans son sacrifice pour nous offrir à son Père. De même dans le baptême le Christ nous a emporté avec lui dans sa mort et sa résurrection pour nous faire renaître à la vie divine et devenir Fils de Dieu. Une nouvelle vie dans l’Esprit, pour poser des œuvres d’un nouveau genre, formée par l’Esprit Saint.

Les œuvres plus grandes que celle de Jésus dont il est question peuvent être comprises comme celles que l’Esprit Saint réalisent en nous par le déploiement d’une charité nouvelle en nous, d’une nouvelle énergie pour aimer à la manière du Christ. Ne vivre que de charité pour être vraiment Fils de Dieu, ce qu’exprime Jésus dans le sermon sur la montagne : « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux » Mt 5,45. Alors nos visages transfigurés par la charité du Christ pourront donner à voir comme le visage du Christ : le visage du Père miséricordieux.

Père Christophe

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