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Homélie du quatrième dimanche de Carème

  • Photo du rédacteur: Ensemble Paroissial Saint Vincent
    Ensemble Paroissial Saint Vincent
  • 21 mars 2020
  • 6 min de lecture

Ce temps de confinement nous fait ressentir un manque, celui de ne plus pouvoir nous voir et célébrer ensemble autour du Seigneur l’eucharistie dominicale. Mais pour autant nous restons unis les uns aux autres dans la communion des saints au moyen de la prière, en pensant tout particulièrement aux malades, aux soignants qui se dévouent avec une grande générosité, ainsi qu’aux personnes seules ou isolées. Internet et le téléphone nous permettent de garder le lien et de prendre des nouvelles les uns des autres.

Le confinement peut créer, quand nous habitons à plusieurs sous le même toit, une certaine promiscuité qui demande de parvenir à se supporter avec patience et douceur. Le Seigneur reste auprès de nous dans ce temps de confinement, et nous pouvons puiser auprès de lui les forces pour faire grandir notre foi, notre espérance, et notre charité pour nous supporter et nous aimer les uns les autres.

Ce dimanche nous sommes privés de la possibilité de communier, mais cela ne doit pas nous empêcher de sanctifier le dimanche : jour du Seigneur, par exemple en suivant la messe à la TV et vivre une communion de désir au moment de la communion eucharistique, en prenant des nouvelles de personnes que nous savons être seules…

Bon courage dans notre montée vers Pâques le Seigneur nous accompagne.

Je vous livre ci-dessous un petit commentaire de l’Evangile de ce dimanche 22 mars.

« Rabbi qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? ». Cette question pourrait se transposer à notre contexte : qui a péché pour que nous soyons touchés par la pandémie du coronavirus.

Dans la mentalité juive de l’époque la maladie est un mal qui est la sanction d’un péché de l’individu ou de ses proches. Dans l’Ancien Testament les amis de Job lui expliquaient que son malheur ne pouvait être dû qu’à son péché, malheur qui était la rétribution de Dieu pour le mal qu’il avait pu faire.

Cette mentalité peut avoir tendance à resurgir lorsqu’il y a des catastrophes naturelles. Ou bien encore des prophètes de malheur se lèvent et s’appuyant sur une certaine interprétation d’écrits apocalyptique les fonts abonder dans leur sens : « vous voyez c’était écrit ». Les écrits bibliques ne sont pas là pour prévoir l’avenir, ils sont là pour nous appeler à la conversion, à changer nos cœurs, à vivre une amitié avec le Christ. Et pour se faire les écrivains sacrés utilisent différents genres littéraires pour arriver à leur fin. Les écrits apocalyptiques ne traitent pas d’abord d’événements à venir, mais d’abord d’événements passés, de l’époque de l’écrivain sacré. L’utilisation des textes sacrés ne peut pas se faire pour prouver, pour appuyer une idée, un fait. C’est l’inverse, nous partons des textes sacrés pour en tirer un changement pour notre vie, pour en tirer une inspiration pour notre réflexion et notre agir. Les écrits de la Bible ne peuvent pas servir de « texte preuve » en prenant une citation bien souvent coupée de son contexte et que nous manipulons pour servir à la défense de nos idées.

Dans le texte d’Evangile du jour Jésus vient ici dénouer le lien de cause à effet qui nouerait la maladie et le péché. La maladie n’est pas la vengeance de Dieu à l’égard de nos ruptures d’alliance, de nos manques d’amour : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché ». Jésus ne nous révèle pas un Dieu qui sanctionne ou un Dieu vengeur, il révèle un Dieu qui pardonne, un Dieu qui partage et accompagne l’homme dans la fragilité de sa condition humaine.

Cependant des comportements peccamineux peuvent être la cause de maladies ou de malheurs, mais ce n’est alors que la suite logique, prévisible d’un comportement désordonné : celui qui boit avec excès de l’alcool ne peut s’étonner de contracter une cirrhose du foie.

Puis Jésus ajoute : « Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui ». « Il faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé, tant qu’il fait jour…aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde »

Dans cet Evangile Jésus se déclare comme la Lumière pour le monde. Jésus explique qu’il travaille à l’œuvre de Dieu qui est de faire venir à la lumière ceux qui sont dans la nuit. C’est-à-dire d’une part de permettre de reconnaître en Jésus l’envoyé de Dieu qui est la source de toute grâce et de toute bénédiction, et d’autre part de changer nos cœurs pour laisser nos vies être ajustées à Dieu.

Cette lumière peut tout transformer, tout faire sortir de l’obscurité. D’un mal, Dieu par sa lumière est capable d’en tirer un bien : c’est la fameuse phrase de Joseph qui clôture le livre de la genèse en Gn 50, 20 : « Le mal que vous aviez dessein de me faire, le dessein de Dieu l’a tourné en bien, afin d’accomplir ce qui se réalise aujourd’hui : sauver la vie d’un peuple nombreux ».

St Paul dans la même ligne invite à la confiance pour ceux qui mettent leur foi en Dieu, qui lui abandonnent leur vie : « Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment » : Rm 8,28

Nous pourrions en tirer la même conséquence pour notre situation. Ce que nous vivons au cours de cette pandémie ne nous permet- il pas d’ouvrir les yeux. Le fait d’être confiné permet de sortir de l’activisme, de scruter ce qu’il y a en nous, de réfléchir au sens de nos vies, de nos amitiés, de prendre plus facilement le temps de la rencontre personnelle et silencieuse avec celui qui habite en nous, de mieux mesurer au travers de la privation des sacrements de leur importance pour nos vies, de redécouvrir une vie moins polluée…

Si la santé est un très grand bien, il y a un bien encore plus grand : notre amitié avec Dieu. Cette amitié que Dieu veut vivre avec chacun de nous et que Jésus est venu nous révéler. Amitié sur laquelle nous pouvons sans cesse nous appuyer, car s’il nous arrive de manquer à cette amitié en oubliant Dieu, en oubliant le prochain, la fidélité de Dieu en amitié ne fait jamais défaut, elle est solide comme le roc. Si nous nous détournons de Dieu, lui il reste à nous attendre pour reprendre là où on s’était arrêté.

Combien de saints qui avaient mal commencé leur vie ont trouvé dans une période de convalescence, de confinement le lieu d’un nouveau départ, d’un affermissement de la foi, ont découvert que Dieu voulait vivre une amitié avec eux : que nous pensions à S. Ignace de Loyola du fond de son lit, ou S. François d’Assise et S. Jean de la Croix du fond de leur prison.

Dieu se sert de tout pour nous élever, nous ramener vers notre dignité humaine, notre vocation. La foi nous place dans la main de Dieu pour abandonner notre volonté à la volonté de Dieu.

A la fin de l’Evangile Jésus parle d’un jugement : « Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement : que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. »

Le mot jugement en grec vient de la même racine que le terme critiquer : Krisis. Il signifie distinguer, ou séparer.

Lorsque Jésus affirme venir dans le monde rendre un jugement il veut signifier qu’il apporte la lumière qui permet de distinguer ce qu’il y a dans les cœurs, et de distinguer les ténèbres des cœurs, de la même manière que le soleil permet de distinguer de faire apparaître l’ombre des arbres. Il y a ceux qui possèdent la vue, mais qui ne sont pas capables de reconnaître dans l’agir et les paroles de Jésus l’œuvre de Dieu, et de confesser qu’il est l’envoyé de Dieu. Ils sont alors rendus aveugles par leur manque de foi devant la lumière des paroles et des gestes de Jésus. Et puis il y a ceux qui souffrent de cécité et qui sont capables suite à l’action de Jésus sur eux de reconnaître en lui l’œuvre de Dieu et de professer qu’il est l’envoyé de Dieu. Cette Lumière qui vient du Christ qu’est sa Parole permet aussi de distinguer dans notre cœur ce qui est collaboration à l’œuvre de Dieu et ce qui est complicité de l’esprit du mal.

Le temps du carême, de confinement est le temps favorable pour venir humblement dans la lumière du Seigneur.

 
 
 

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