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Invités au repas du Seigneur

"Heureux les invités au repas du Seigneur". A la messe, la formule précède la Communion. Nous la connaissons bien. Mais de quel repas s’agit-il ?

Dans l’évangile selon saint Luc, à quelques heures de sa Passion, Jésus déclare à ses disciples : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ». (Luc 22, 15) Il a fait préparer ce dernier repas que nous appelons la sainte Cène et dans lequel nous reconnaissons l’institution de l’Eucharistie. Désormais, il ne boira plus du produit de la vigne jusqu’à la venue du Royaume (Luc 22, 18).

C’est au cours de ce repas qu’il prescrit aux disciples de reproduire les mêmes gestes pour perpétuer l’engagement de tout son être, le don qu’il fait de lui-même. Ne cherchant que la gloire de son Père, il se donne pour que le monde ait la vie, que toute personne puisse aimer comme Dieu aime, pour que Dieu soit tout en tous (Cf. 1 Co 15, 28). Tel est le Règne de Dieu. « Que là où je suis, ils soient eux aussi. Qu’ils soient un en nous comme toi Père, tu es en moi et moi en toi, » demande-t-il dans sa prière (Jean 17, 24).

Avec la communion fraternelle, l’enseignement des apôtres et les prières, la fraction du pain caractérise la vie des premières communautés après la Résurrection de Jésus. Manger ce pain, boire à cette coupe, c’est proclamer la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne (Cf. 1 Cor 11, 25).

Est-ce vital pour l’humanité ? Nous le croyons. Le monde ne serait-il pas déjà aujourd’hui tout autre si les Béatitudes et les dix commandements étaient pris au sérieux partout et par tous, à commencer par nous ? Mais cela paraît impossible, loin de la réalité, hors de notre portée. Le Seigneur, lui, ne désespère pas. Il frappe à notre porte pour prendre avec nous son repas (Apocalypse 3, 20). Il nous presse d’accueillir son Esprit et nous envoie comme il a été envoyé par le Père (Jn 20, 21).

Accepter l’invitation du Seigneur, le suivre, c’est recevoir pour frères tous les humains car eux aussi sont ses invités. Nos eucharisties anticipent ce grand festin entrevu et annoncé par le prophète Isaïe (Is 25, 6) : tous les peuples y sont conviés et la mort est détruite pour toujours.

Au cours des dernières semaines comme lors du confinement du printemps, la participation plénière à la messe n’a pas été possible. Nous avons souffert de ne pas nous retrouver. Le manque a-t-il creusé en nous le désir d’accueillir l’invitation de Jésus au repas de sa Pâque ? Ayant aimé les siens jusqu’à l’extrême, il ne cesse de nous appeler à un don plus authentique de nous-mêmes au travers de nos responsabilités, de nos engagements, là où la vie nous a placés. Et en ce début d’Avent nous reprenons volontiers la prière du missel : « Fais fructifier en nous, Seigneur, l’eucharistie qui nous rassemble. C’est par elle que tu formes, dès maintenant, à travers la vie de ce monde, l’amour dont nous t’aimerons éternellement. Par le Christ notre Seigneur. Amen ! »

Le 24 novembre 2020

+ Robert WATTEBLED

Evêque de Nîmes

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