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« Les frères étaient assidus à la communion fraternelle… »

« Merci pour cette belle cérémonie… » La retransmission des célébrations liturgiques, surtout des messes, par les médias et sur les réseaux sociaux ne manque pas de susciter ce genre de commentaires. C’est un encouragement apprécié de celles et ceux qui entretiennent de cette façon une relation avec des paroissiens, parfois même au-delà du cercle des pratiquants habituels.

Ces retransmissions de messes ne sont pas cependant sans poser question. Le lieu où l’on célèbre va-t-il refléter les conditions singulières, précaires, exceptionnelles qui résultent du confinement ? Préfère-t-on en revanche donner l’illusion de célébrer presque comme d’habitude avec déploiement d’ornements, musique et encens ? Inévitablement l’enregistrement se focalise sur le prêtre célébrant qui, à la limite, pourrait être seul face à son smartphone ! De là à faire le rapprochement avec un artiste, il n’en est bien sûr pas question mais il arrive que des médias annoncent qu’une messe est ou sera « donnée » tel jour à telle heure, tout comme ils annoncent les spectacles.

Plus profondément, si la messe nous rend véritablement présent le sacrifice de la Croix, comment en apprécier la portée ? Dans un livre connu de toute une génération de fidèles, le Père Jacques Loew avertissait : « Prenons garde si nous sommes de ces gens qui redescendent du Calvaire en disant : “Cela a été une belle cérémonie, il y avait du monde…“ »(Comme s’il voyait l’invisible, p.50). L’actualisation profondément réelle du sacrifice du Christ et la célébration de sa résurrection nous sont données pour que nous entrions dans son offrande, pour que notre existence se laisse transformer par son Esprit. La troisième Prière eucharistique nous le fait demander ainsi : « Regarde, Seigneur, le sacrifice de ton Eglise, et daigne y reconnaître celui de ton Fils qui nous a rétablis dans ton Alliance […] Que l’Esprit saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire… »

C’est pourquoi en ces circonstances particulières comme en tout temps, nos communautés portent le souci de manifester leur proximité et d’apporter leur soutien aux personnes qui en ont le plus besoin, notamment à celles qui sont isolées. Un simple appel téléphonique peut transformer une journée. De même un moment de recueillement à l’église, à condition d’en connaître les heures d’ouverture… Déployons donc autant d’imagination pour la vie fraternelle que pour la retransmission de nos liturgies et persévérons avec patience au fil des jours et des semaines.

Jésus n’a pas laissé de recommandations pour la beauté de la liturgie. Mais il nous a aimés jusqu’à l’extrême et il nous a laissé son commandement: nous aimer comme il nous a aimés. « Rien n’est trop beau pour Dieu », dit-on parfois. Certes, mais à condition de reconnaître le Seigneur là où il se présente à nous, c’est-à-dire en nos frères. « Apprenons à vivre selon la sagesse et à honorer le Christ comme il le veut lui-même », demandait saint Jean Chrysostome dans un sermon célèbre, et il poursuivait : « Car l’hommage qui lui est le plus agréable est celui qu’il demande, non celui que nous-mêmes choisissons. »

Le 18 avril 2020

+ Robert WATTEBLED

Evêque de Nîmes

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