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MESSAGE DE CAREME 2020


Les lectures bibliques de ces derniers dimanches affirmaient sans ambiguïté : « Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle. Le Seigneur n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne la permission de pécher ». A ces recommandations de Ben Sira le Sage est venu s’ajouter l’impératif du livre des Lévites : « Soyez saints car moi le Seigneur votre Dieu je suis saint ».

Mais, comme le peuple libéré d’Egypte et marchant au désert, nous sommes plus ou moins hésitants : le Seigneur est-il vraiment avec nous ? Et le Tentateur ne cesse d’instiller le soupçon et le doute dans les cœurs : le Seigneur veut-il vraiment notre bien ? Entrer en Carême c’est répondre positivement à ces interrogations. C’est parce qu’il nous aime mieux que nous-mêmes que le Seigneur réclame notre confiance. Et nos actes, notre style de vie, notre manière d’être doivent s’accorder avec ce que notre intelligence reconnaît et que nos lèvres professent.

Or en pratique, comme l’écrit le pape François dans Laudato si, nous continuons à admettre que les uns se sentent plus humains que les autres, comme s’ils étaient nés avec des droits plus grands. Nous oublions que la Création n’est pas seulement une réalité qui s’étudie et se gère mais qu’elle est de l’ordre de l’amour, « don qui surgit de la main ouverte du Père de tous qui nous appelle à une communion universelle ».

C’est pourquoi, tout comme à la prière, le Carême est associé au jeûne, au partage, à une plus grande sobriété, à la prise de conscience de nos excès. « Contre la faim, l’heure de l’écologie intégrale a sonné » : le thème de la campagne du CCFD-Terre solidaire (Comité catholique contre la Faim et pour le Développement) exprime l’urgence des conversions nécessaires. Sa dimension spirituelle nous concerne directement. Chrétiens, nous ne pouvons pas vivre comme si notre vie avait son origine en nous-mêmes, comme si Dieu n’existait pas, comme si les pauvres n’existaient pas. Selon Laudato si, protéger l’œuvre de Dieu n’est pas quelque chose d’optionnel, ni un aspect secondaire de l’expérience chrétienne. Cela relève de notre vocation humaine et chrétienne

L’ampleur de la mission ne devrait pas nous décourager parce que nous mettons notre espérance en Celui qui peut nous combler bien au-delà de nos désirs. Mais il importe aussi de reconnaître nos écarts délibérés par rapport à ce que nous percevons de la volonté du Seigneur. Nous nous reconnaissons pécheurs en nous confiant à sa miséricorde qui ne se lasse jamais de pardonner. Par toute sa vie et son ministère, par le don de lui-même jusqu’à la croix, Jésus aime son Père davantage que tous les péchés de l’humanité ne peuvent lui déplaire. C’est à lui que le baptême nous a unis au point de former avec Lui, par Lui, en Lui une humanité nouvelle.

Le Seigneur veut nous offrir le bonheur pour lequel il nous a créés. Il attend de nous le meilleur et non pas une existence médiocre, édulcorée, sans consistance. Il nous appelle à être saints en sa présence dans l’Amour (Cf. Ephésiens 1, 4)

+ Robert WATTEBLED Evêque de Nîmes

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