« N’aie pas peur, laisse-toi regarder par le Christ … »

Tandis que progresse l’épidémie, nous nous efforçons de respecter le plus soigneusement possible les consignes qui nous sont données. Nous ne pouvons ignorer les conséquences que notre légèreté pourrait avoir sur ceux que nous côtoyons. Nous participons à l’intense élan de reconnaissance adressé à toutes les personnes engagées « sur le front », nous rejoignons des initiatives qui expriment gratitude et solidarité à leur égard. Nous prions pour les victimes et les familles qui ne peuvent les accompagner.

Le confinement nous impose une sorte de jeûne imprévu. Il nous en coûte de renoncer à nos projets et d’être dérangés dans nos habitudes, y compris en matière de culte. Il nous en coûte d’annuler les rencontres prévues pour le temps du Carême, il nous en coûte plus encore de ne pas pouvoir nous rassembler pour la messe et les autres célébrations liturgiques.

Peu à peu cependant nous trouvons les moyens d’éviter l’isolement. A travers la France, beaucoup participent à la neuvaine à Notre-Dame de Lourdes. Elle s’achèvera le mercredi 25 mars, fête de l’Annonciation du Seigneur. Ce jour-là, à 19 h 30, un peu partout dans notre pays les cloches des églises sonneront, non pas pour nous inviter à nous rassembler mais pour manifester notre fraternité et notre espoir commun. Chacun de nous pourrait alors lire le récit de l’Annonciation dans l’Evangile selon saint Luc (Chapitre 1, versets 26 à 38) et en poursuivre la méditation par la récitation du chapelet. Il est proposé également d’allumer une ou plusieurs bougies à nos fenêtres.

Dans notre prière des prochains jours nous aurons une intention particulière pour les catéchumènes qui ont été appelés aux sacrements de l’initiation chrétienne. Leur « appel décisif » a été célébré le 1° mars à Anduze. Très vraisemblablement, leur baptême, leur confirmation et leur communion eucharistique vont être différés de plusieurs semaines, voire d’un mois ou davantage encore. En leur manifestant notre proximité, nous les aiderons à surmonter leur déception momentanée.

Pour les catéchumènes, il était prévu de célébrer en paroisse ces dimanches-ci les « scrutins ». Bien que prévue par le Rituel de notre Eglise depuis près de cinquante ans, cette étape du cheminement des catéchumènes est encore peu connue de l’ensemble des catholiques. Cette dénomination étrange, il est vrai, n’en facilite pas la compréhension ! Son objet est pourtant tout à fait essentiel. Il s’agit, dit le Rituel, de « faire apparaître dans le cœur de ceux qui sont appelés ce qu’il y a de faible, de malade et de mauvais, pour le guérir, et ce qu’il y a de bien, de bon et de saint, pour l’affermir ». Les scrutins permettent aux catéchumènes « d’être instruits peu à peu du mystère du péché et de ses conséquences présentes et futures, dont le monde entier et tout être humain attendent d’être sauvés et libérés ».

« Mystère du péché ... » A l’évidence, cela ne concerne pas que les catéchumènes. D’ailleurs habituellement au cours des dernières semaines de Carême des célébrations de la Pénitence et de la Réconciliation sont proposées aux baptisés.

Le péché existe, sa force est à l’œuvre. Nous ne le savons que trop, même si nous n’en mesurons pas totalement la profondeur et les conséquences. Mais il n’est pas le « pendant » ou le « symétrique » de l’amour de Dieu. La sécheresse n’est pas le « pendant » de l’eau, l’obscurité n’est pas le « symétrique » de la lumière. En nous menant à une meilleure connaissance de nous-même et de ce que nous sommes devant le Seigneur, le Carême nous conduit à l’accueil du Mystère de notre salut dans le Christ Jésus. « En prenant la condition humaine, il a guidé vers la lumière de la foi l’humanité qui allait dans les ténèbres, et par le bain qui fait renaître, il a donné aux hommes, nés dans le péché, de devenir vraiment fils de Dieu.» (Préface de la messe du 4° dimanche de Carême)

Le 21 mars 2020

+ Robert WATTEBLED