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Qu’attendons-nous du Sauveur ?

Dans quel contexte allons-nous célébrer Noël cette année ? Quels sentiments allons-nous éprouver ? Les événements des dernières semaines, la situation troublée de notre pays, les épreuves de notre Eglise confrontée aux insuffisances et aux fautes de ses membres nous affectent profondément. Face aux incertitudes du moment, attendons-nous une sorte de trêve permettant d’oublier un instant la dureté des conditions de vie de beaucoup et l’âpreté des confrontations ? Mais si elle devait nous rendre insensibles aux épreuves et aux souffrances des personnes et des peuples, la joie de Noël serait-elle authentique ?

Qu’attendons-nous d’un regard sur la crèche et de la célébration de la Nativité ? Que nous apportent-ils de plus que les réunions familiales, les échanges de cadeaux et les nombreux gestes de solidarité ?

Le message de l’Evangile n’est pas d’abord d’ordre moral. D’ailleurs, les valeurs qui animent les combats pour la justice et la vérité, la paix et la fraternité ne sont pas l’apanage des chrétiens. Bien d’autres personnes en vivent même plus profondément que nous. Et Jésus n’apporte pas de solutions concrètes. Un jour qu’on le presse d’intervenir dans une affaire de

partage d’héritage, il répond : « Qui m’a établi pour être juge et arbitrer vos partages ? » Et l’on connaît sa fameuse réponse à propos de l’impôt dû à l’empereur : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».

Notre regard sur la crèche se centre sur la personne de Jésus. Il nous conduit à la prière devant la croix : « De la crèche au crucifiement Dieu nous livre un profond mystère ». Dès sa naissance, l’Enfant-Jésus nous est présenté comme le Sauveur du monde. Il nous sauve non par une victoire spectaculaire sur les forces du mal mais par son abaissement et par le don qu’il fait de lui-même dans l’amour. Celui que nous désignons du nom de Dieu sans le connaître s’implique jusqu’à l’extrême appauvrissement dans l’aventure humaine, sans s’imposer à notre liberté mais en sollicitant notre acte de foi. Il ne cherche pas à nous posséder pour son propre intérêt, il nous aime en se rendant dépendant de nous. Il vient non pour être servi mais pour servir et donner sa vie pour la multitude.

En se révélant, le Seigneur sollicite notre adhésion croyante : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Il nous appelle à le suivre. Il questionne nos comportements, il interroge nos critères et nos décisions, il met en cause les modèles de fonctionnement de nos sociétés et les indices de réussite. Il nous appelle à inventer les modalités d’une vie fraternelle où les plus petits et les plus vulnérables sont l’objet des plus grandes attentions. Il nous invite à accueillir sa parole et son Esprit à la manière de Marie, sa mère. A ceux qui le reçoivent, il donne de pouvoir devenir enfants de Dieu, sel de la terre et lumière pour le monde.

Nîmes, le 12 décembre 2018

+ Robert WATTEBLED

Evêque de Nîmes

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