A Nazareth, au foyer de Joseph et Marie, les préparatifs de la naissance de l’enfant devaient être bien avancés quand l’annonce du recensement vint bouleverser les plans. Il fallut partir pour Bethléem. Après la naissance, d’après l’Evangile selon saint Matthieu, la famille connut l’épreuve de la fuite en Egypte…
Ce Noël 2019 se passera-t-il comme nous l’avons imaginé et préparé ? Les mouvements sociaux connaitront-ils une trêve ? Devrons-nous réviser nos projets pour nous adapter aux circonstances ? Pour certaines personnes, pour certaines familles, le bouleversement est encore plus rude et plus brutal, confrontées qu’elles sont à la maladie, au deuil, à l’accident tragique. Si la joie et la paix de Noël sont pour tous, elles sont parfois recouvertes par des réalités bien austères. Notre prière demandera pour tous la force de vivre dans l’espérance.
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes, qu’il aime » chantent les anges. Est-ce à dire que la paix pourrait miraculeusement tomber du ciel ? Jésus dira à ses disciples qu’il leur donne sa paix, mais pas à la manière du monde (Jean 14, 27). La paix qui nous est offerte par le Seigneur est aussi le fruit d’un cheminement, l’objet d’un accueil libre de notre part. Elle vient du Seigneur tout comme la conversion suscitée dans les cœurs par l’Esprit.
Homme véritable, Jésus n’échappera pas aux tensions, aux contestations, aux conflits et même à l’injustice et aux machinations. Par son attitude, par sa prédication, par sa prière il interroge notre capacité d’affronter la contradiction et le mal, notre capacité de pardonner et d’aimer jusqu’à nos ennemis.
Homme comme Dieu seul peut se faire humain, il est « d’en-haut » (Jean 8, 23). Il aime le Père comme seul le Fils aime le Père. Comme le Père il désire de tout son être que l’homme soit sauvé, qu’il entre sans réserve dans la vivante communion qui l’unit, lui le Fils, au Père. Il insère dans notre histoire la logique de l’amour désintéressé et sans limite, quoi qu’il puisse lui en coûter car « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jean 15, 13). Au quotidien nous savons rendre hommage à ceux qui engagent leur vie pour sauver d’autres vies. Pourquoi resterions-nous indifférents face au mystère de Dieu qui se révèle de la crèche au crucifiement ? C’est que nous sommes face à une réalité inouïe : « La manière d’agir de Dieu est presque étourdissante, écrit le Pape François, car il semble impossible qu’il renonce à sa gloire pour devenir un homme comme nous. (…) Comme toujours Dieu déconcerte, il est imprévisible et continuellement hors de nos plans. Ainsi la crèche, tout en nous montrant comment Dieu est entré dans le monde, nous pousse à réfléchir sur notre vie insérée dans celle de Dieu ».
Au milieu des changements et des incertitudes de ce monde, que la fête et la célébration de Noël orientent donc notre cœur vers la Source de toute joie pour en recevoir la grâce de la paix !
Nîmes, le 17 décembre 2019
+ Robert WATTEBLED
Evêque de Nîmes
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